Adios Amigo Ivan

13/05/2020

Toi mon Ami et compagnon de foulées depuis plus de vingt ans. Toi le junior de Honfleur gravissant les montagnes des Arcs plus vite que tout le monde ce jour d'août 1999 qui avait changé ton destin et fait croiser nos chemins. Depuis nous avions pris la même sente, celle qui nous a permis de vivre des moments inoubliables, baskets aux pieds, dans la pente, au sommet ou tout simplement autour d'une table ou de nos discussions sans fin.
Ta générosité dans l'effort était à l'image de celle que tu avais dans la vie. Je me rappelle comme si c'était hier de ce mondial en Malaisie ou tu t'affales de tout ton corps sur ce pont en bois recouvert de grillage pour éviter de glisser. Mais ce n'était pas cela qui allait t'arrêter, écorché à vif, tu repartais de plus belle, pour l'équipe, sans sourciller ni jamais te plaindre. Un guerrier tu étais et un guerrier tu seras resté jusqu'au bout.

Quand je repense à tous ces stages au Bessat et ailleurs qui ont fait suite à cette aventure Malaisienne, aux kilos de pâtes que tu engloutissais chaque semaine, à tous ces entrainements torse-nu dans la neige, ou à se ravitailler avec des fleurs ou des fruits des bois quand les sorties devenaient plus longues que prévu. Qu'est ce qu'on avait pu rigoler durant toutes ces années. La camaraderie à l'état pur, sans arrière-pensée, dans la plus grande sincérité et simplicité.
Après avoir ferraillé à maintes reprises sur les compétitions, tes analyses de courses, de préparation étaient toujours justes et pleines de sagesse, de raison et d'humilité. Tu n'as jamais pu atteindre ton rêve de reporter le maillot bleu. Tu l'aurais tellement mérité.
En 2005 tu avais réussi à toucher ton but sportivement. Mais tu n'attachais tellement pas d'importance à ce qui ne te paraissait pas essentiel. Les valeurs étaient bien plus importantes qu'une simple banalité administrative et cela t'avait couté ce voyage en Nouvelle-Zélande.

Tes soupes d'orties, tes marguerites, ton jus de riz, tes pommes pourries, le petit lait resteront gravés dans nos mémoires à jamais. Tu n'avais besoin de rien pour vivre heureux. Pas matérialiste, tu savais te satisfaire de ce que te donnait la nature et vivre le plus simplement possible.
Les gens se demandaient souvent qui était cet énergumène, qui ne payait pas de mine, un peu déguenillé parfois (un peu trop quelques fois 😉). Mais tu n'accordais pas d'importance à cela, ce qui était important c'est ce qu'il y a à l'intérieur des gens, le fond d'abord, la forme attendra. Jamais tu ne te mettais en avant, c'est toujours le terrain qui parlait pour toi. Car tu n'avais pas besoin de superflus pour faire admirer ta foulée et ton talent. Tu n'as jamais fait de bruit, il ne faut pas compter sur les réseaux sociaux pour trouver ton palmarès mais, comme le disent certains : « les vrais savent » à quel point tu as été un athlète d'exception.
Homme posé et sage dès ton plus jeune âge, tu n'avais pas attendu de fonder une famille pour un être un homme calme, bienveillant, à l'écoute, altruiste. Discret, tu n'aimais pas spécialement parler de toi, tu préférais bavarder de tout, curieux de nature, soucieux de tous, jamais un mot plus haut que l'autre.

Toi le coureur stratège, qui partait toujours lentement pour finir fort, cette fois tu nous auras pris de court. Parti bien trop tôt sans jamais te plaindre du mal dont tu souffrais depuis quelques temps.

Tu nous laisses un grand vide mais nous essaierons de faire perdurer au mieux les valeurs qui t'étaient si chères et qui sont si rares !
La vie parfois est parfois si injuste.

Repose en paix mon ami. Tu resteras à jamais dans nos cœurs.
Mes Condoléances à ta famille et tes proches.