La valeur des choses
Tous les fins de week-end, on peut lire dans les médias et sur les réseaux sociaux pléthore de comptes-rendus de compétitions.
C'est parfois très intéressant, parfois assez amusant à lire, mais souvent ce qui me marque c'est qu'à en croire certains compétiteurs et les médias, notamment
en trail et ultra-trail, beaucoup ont participé à des courses internationales,
de niveau mondial, des plateaux de folies... et je vous en passe ! Soit.
Quand on ne regarde pas forcément dans le détail, on pourrait facilement y
croire.
Mais pour vous faire une idée, je me suis amusé à comparer le niveau de performance de deux courses, certes complètement différentes en termes de format et de niveau sur le papier. D'un côté la Transgrancanaria (125km) de carrure mondiale (course bonus de l'Ultra Trail World Tour) et la course élites hommes des championnats Auvergne-Rhône Alpes de cross-country, de niveau « régional » à priori !
Tout d'abord, pour comparer le niveau et la densité, prenons les deux
vainqueurs.D'un côté Pau Capell, un coureur espagnol de niveau mondial. Je ne suis pas fan
du système de la cotation ITRA mais il possède une côte à 914 et même si cela est
un peu imprécis cela nous donne une idée de son niveau.De l'autre nous avons Benjamin Kipkurui Cheruyiot, un kenyan qui a eu été recordman
du monde junior de 1500m en 3'30''67''. Certes il faut admettre que ce n'est
plus son niveau actuel, mais si on ramène la côte Itra 914 à ses distances de
prédilections, cela équivaut à 3'43'' au 1500, 7'58'' au 3000 et 13'42'' au
5000. Des chronos très proches des références de Cheruyiot ces dernières années :
3'41'' au 1500, 7'59'' au 3000 et 13'44'' au 5000m.
On peut donc en déduire que le niveau de performance des deux vainqueurs est
relativement proche. On a donc une course internationale d'ultra-trail au même
niveau qu'un championnat régional de cross sur la performance du vainqueur. Chose
tout à fait possible puisque les meilleurs coureurs peuvent prendre part au
championnat régional.
On va maintenant voir ce qui se passe derrière en termes de niveau et de
densité.
Ci-dessous un tableau comparatif des écarts (en pourcentage pour que
ce soit comparable) entre les autres concurrents en fonction de leur place par
rapport au vainqueur :
Les conclusions sont relativement vite faites :
- le niveau de performance de la 2ème place à la Transgrancanaria correspond +/- au niveau de performance du 15ème du championnat régional
- Le niveau de la 5ème place à la Transgrancanaria correspond à une place au-delà de la 50ème place au championnat régional
- Le niveau de la 10ème place à la Transgrancanaria correspond à une place au-delà de la 100ème place au championnat régional
Je vous laisse donc rapidement vous faire votre propre
avis sur le niveau « international » de l'une et le niveau « régional »
de l'autre ! On ne peux donc conseiller à ceux qui pensent qu'il y a parfois « un niveau de
folie » selon les médias ou les coureurs de s'ouvrir
vers des disciplines moins bankable telle que le cross-country et relativiser un peu les choses. Car même si on rajoute quelques abandons dus
à la distance et qu'on peut admettre que le format est moins accessible, la
densité des courses est complètement incomparable !